Réforme du bac et du lycée : lettre au ministre et à la rectrice, copie : région et députés bretons

Nous avons adressé, mercredi 9 janvier 2019, une lettre au ministre de l’Education Nationale ( voir ci-dessous) ainsi qu’à la rectrice de l’académie de Rennes avec des demandes très précises pour modifier les dispositions du projet de réforme du bac en matière de langues régionales et notamment pour la langue bretonne . Ce courrier vient d’être adressé également à la région ainsi qu’à l’ensemble des députés bretons.

Kevredigezh an holl gelennerien ha stummerien war ar brezhoneg hag e brezhoneg Association de tous les professeurs et formateurs de et en breton

17 rue du Loc’h – straed al Loc’h   56570 LOCMIQUELIC — LOKMIKELIG contact@kelennomp.bzh — kelennomp.bzh

Locmiquélic, le 9 janvier 2019

Monsieur Le Ministre de L’Enduction Nationale,

Copie à :  

Madame Armande Le Pellec, recteur de l’Académie de Rennes

Monsieur Loïg Chesnais-Girard, Président du conseil régional de Bretagne

Madame Lena Louarn, vice-présidente de la région Bretagne en charge de la politique linguistique

Mesdames et Messieurs les députés bretons

Mesdames et Messieurs les conseillers régionaux

Monsieur Rémi Toulhoat, président de Div Yezh

Madame Sonia Le Merrer, président de Dihun

Madame Stéphanie Stoll, présidente de Diwan

OBJET : Langues vivantes régionales et réforme du lycée et  du baccalauréat

Monsieur le Ministre,

Les informations, encore incomplètes, dont nous disposons concernant la réforme du baccalauréat sont plus que préoccupantes pour toute personne attachée à l’enseignement de certaines langues de France, et nous inquiètent au plus haut point. En effet, les nouvelles dispositions semblent être de nature à obérer le développement de ces enseignements de façon dramatique, ce qui irait à l’encontre de l’engagement pris par le chef de l’Etat de favoriser leur développement.

Le poids de ces disciplines dans la note finale, globalement et toutes filières confondues, en ressort amoindri, ce qui nuira à leur attractivité et à leur rayonnement auprès des familles et des élèves, de même que leur mise en concurrence accrue avec les autres disciplines, langues vivantes étrangères, langues et cultures de l’Antiquité, dont le poids reste plus important dans le cadre du nouveau baccalauréat, ce qui n’est pas acceptable.

Pour rappel, les lycéens peuvent actuellement passer les épreuves de langues régionales au titre de la LV2, avec une spécialisation possible en filière littéraire grâce à la Langue Vivante Approfondie, ou encore au titre de la LV3. La plupart des lycéens bretons suivant un enseignement bilingue optent pour la LV2, tandis que ceux qui suivent un enseignement facultatif de breton ou ceux qui ont été contraints de quitter l’enseignement bilingue pour des raisons diverses (orientation, déménagement…) optent généralement pour l’épreuve de LV3, parfois en candidats libres. Les lycéens suivant l’enseignement bilingue suivent par ailleurs les cours d’histoire-géographie en breton, et peuvent naturellement passer les épreuves de cette matière  au baccalauréat dans cette langue.

Veuillez donc trouver ci-après les demandes que nous formulons, dans un souci d’équité, et afin de préserver l’enseignement de nos langues, auquel nous vous savons attaché.

  • La possibilité de choisir l’enseignement d’une langue vivante régionale au titre de la Langue Vivante A, de la Langue Vivante B ou de la Langue Vivante C.
  • La création d’une spécialité « Langue, littérature et culture régionale », proposée dans les établissements où existe un enseignement bilingue en langue régionale.
  • La création d’un statut particulier pour l’option facultative langue et culture régionale avec régime dérogatoire hors concurrence, semblable à celui accordé à l’option langue et culture de l’Antiquité.
  • La possibilité de suivre un enseignement bilingue en langue régionale y compris dans les filières technologiques.
  • Le droit de passer des épreuves de langue vivante régionale en candidat libre pour les élèves qui n’ont pas la possibilité d’en suivre l’enseignement en cycle terminal dans leur établissement afin de pouvoir valoriser les compétences linguistiques acquises durant leur scolarité.
  • La valorisation des enseignements bilingues en langue régionale par un poids accru dans la note finale, tenant compte de l’effort fourni par ces élèves tout au long de leur scolarité et de leur niveau élevé de maîtrise dans deux langues.
  • Le développement des enseignements de disciplines non linguistiques en breton pour les élèves en parcours bilingue dans l’enseignement public au lycée, dans la continuité de ce qui se fait en collège, avec l’objectif d’atteindre la parité horaire : enseignement de mathématiques, d’éducation physique et sportive, de sciences…
  • Sans oublier la possibilité de passer les épreuves d’autres disciplines en breton, qu’il s’agisse d’épreuves terminales ou de contrôle continu, telles que les mathématiques, comme le demandent nombre de lycéens bretons.

Par ailleurs, la Rectrice d’Académie de Corse vient d’annoncer en date du 7 janvier  que la langue corse sera l’une des 11 spécialités des lycées de Corse. Sur la chaîne de télé régionale France 3 “Via Stella”.

Elle a notamment déclaré qu’elle était particulièrement heureuse que le ministre ait répondu positivement à cette demande et que la langue corse fasse son entrée au titre des enseignements de spécialités”.

Il semblerait qu’il y ait donc “deux poids, deux mesures” puisque la langue bretonne en Bretagne n’a pas été retenue à ce jour pour l’un des enseignements de spécialités du lycée dans l’académie de Rennes.

Nous aimerions donc comprendre le pourquoi de ce traitement différencié.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en nos sentiments les plus dévoués.

A galon ganeoc’h,

Le  président, Goulven MORVAN