loi dite école de la confiance et langue bretonne : lettre aux députés

Lettre envoyée à l’ensemble des députés de Bretagne à l’occasion de l’examen de la Loi dite de confiance de l’école à l’Assemblée Nationale :

 

OBJET : Loi de confiance dans l’école et réforme du baccalauréat

Mesdames et Messieurs les députés ,

Nous vous écrivons pour faire part de nos plus grandes inquiétudes quant aux visées du gouvernement sur l’avenir des langues régionales en France .

Le Président de la République lors de sa venue à Quimper le 21 juin 2018 n’avait il pas déclaré : «Les langues régionales jouent leur rôle dans l’enracinement qui fait la force des régions. Nous allons pérenniser leur enseignement ».

Il semblerait que dans les faits, les dispositions en préparation notamment sur la réforme du baccalauréat  loin de conforter l’enseignement des langues régionales en France dans les académies concernées, représentent une menace sans précédent pour les langues régionales de France.

Rien de nouveau n’a été décidé concernant l’enseignement des langues vivantes régionales en lycée, que ce soit en option ou dans le parcours bilingue, et la demande d’alignement sur le statut des langues anciennes permettant la mise hors concurrence par le cumul possible avec une autre option ou langue vivante ainsi qu’une meilleure valorisation à l’examen est restée sans réponse. La réponse faite que les élèves pourront prendre la langue régionale en spécialité est tout simplement inefficiente et insuffisante. Jusqu’à présent, les lycéens pouvaient en effet choisir deux langues étrangères, par exemple anglais et allemand, plus le breton (ou une autre langue régionale) en première et Terminale et au bac. Or cette troisième langue disparaît, ce qui signifie que les lycéens devront faire un choix cornélien pour leur deuxième langue entre l’allemand ou l’anglais et une langue régionale. Avec cette concurrence, le choix pour la langue régionale devient impossible.

Par ailleurs, l’examen en commission des affaires culturelles et de l’éducation de la loi dite de confiance dans l’école n’a donné aucune avancée pour les langues régionales de France.

En effet, les amendements proposés par différentes députés ont tous été rejetés par la rapporteure de la commission, Mme Fannette Charvier, le 30 janvier dernier en présence du Ministre de L’Education resté quasi silencieux.
Ces amendements étudiés concernaient :

  • la généralisation de l’offre d’enseignement de la langue régionale avec l’extension aux autres langues régionales dont la langue bretonne de l’article du  Article L312-11 du code de l’éducation , créé par la Loi n°2002-92 du 22 janvier 2002 – art. 7 JORF 23 janvier 2002 et libellé tel quel à ce jour «  La langue corse est une matière enseignée dans le cadre de l’horaire normal des écoles maternelles et élémentaires de Corse »,

  • le forfait scolaire notamment pour les écoles bilingues sous contrat qu’elles soient confessionnelles, ou laïques sous statut associatif, disposition essentielle pour la pérennité des écoles associatives comme les écoles Diwan,

  • une vision pédagogique sur la parité afin d’atteindre une qualité du bilinguisme  avec l’ajout de la mention au code de l’éducation (art L 312-10 du code de l’éducation) “ dans le respect des objectifs de maîtrise des deux langues à chaque niveau d’enseignement” pour l’enseignement bilingue en langue française et en langue régionale.

Ces amendements seront re-déposés lors de la séance d’examen de la loi à l’Assemblée Nationale, nous comptons sur vous pour soutenir ces amendements.

Nous serons ainsi particulièrement attentifs à la position que vous prendrez sur ces amendements.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Madame la députée, Monsieur le député, en nos sentiments bretons les plus dévoués.

A galon ganeoc’h !

Le  président,

M.  Goulven MORVAN