Locmiquélic, le 31 mars 2020
Copie à : syndicats enseignants
OBJET : Demande solennelle des enseignants bilingues sur les moyens de protection individuelle face à la pandémie du Coronavirus en faveur de l’ensemble du personnel enseignant et non enseignant en charge de l’accueil des enfants de personnel soignant.
Monsieur Le Président du Conseil Régional de Bretagne
Madame et Messieurs les Présidents des Conseils Départementaux
Nous tenons d’abord à vous féliciter de la commande que vous avez récemment passée de 2 millions de masques de type chirurgicaux et de type FFP2 pour fournir les établissements et professionnels de santé, structures médico-sociales, transporteurs sanitaires, services de secours ou l’aide sociale à l’enfance.
Cependant, nous tenons à vous interpeller et faire une demande solennelle.
En effet, depuis le lundi 16 mars, des enseignants bilingues et non bilingues volontaires des différents réseaux d’écoles de Bretagne (écoles publiques, catholiques et Diwan) se relaient pour prendre en charge des enfants des personnels soignants avec d’autres agents pour certains issus de la fonction publique territoriale (agents spécialisés des écoles maternelles, agents d’entretien, animateurs pour le temps péri-scolaire) et ce dans un dénuement en terme de protection individuelle (absence totale de masques, peu de gants, peu de gel désinfectant, du matériel de désinfection en quantité insuffisante et pas toujours adapté).
Cette situation menace la santé des personnels engagés autour de l’école, mais met également en danger le personnel soignant et leur entourage en l’absence de matériel permettant d’éviter la propagation du virus via le personnel enseignant et non enseignant au contact des enfants. En effet, ceux-ci peuvent être potentiellement infectés par le virus mais ne sont pas à ce jour testés.
Nous dénonçons l’hypocrisie de l’Education Nationale et des représentants de L’Etat à commencer par le préfet du Morbihan qui déclarait, dans une rencontre avec la presse le 13 mars : « Les encadrants porteront des masques». On notera également que le ministère de l’Education Nationale dans une FAQ (Foire aux questions, p 5) sur le coronavirus adressée aux enseignants en date du 23 mars à 14 H 30, écrivait à la question: Quelles sont les consignes à appliquer pour l’accueil exceptionnel de certains enfants dans les établissements scolaires ? : »Comme expliqué par le Ministère de la Santé, les masques sont inutiles dans ce contexte. » La seule réponse de l’Education Nationale semble donc tourner autour de la « distanciation sociale » comme si celle-ci était possible dans un espace collectif avec des enfants de 3 à 10 ans en école primaire !
L’ensemble des syndicats CGT, Faen, FO, FSU, SNUIPP, SGEN-CFDT, Snalc, Solidaires et Unsa ne cesse de réclamer pour les personnels qui agissent au quotidien auprès des enfants de personnel soignant en Bretagne de pouvoir obtenir rapidement toutes les mesures de précautions nécessaires et le matériel pour le faire (Gants, masques, mouchoirs jetables en quantité, gel n’étant disponible que dans de très rares cas). Le SNUIPP a encore interpellé le rectorat de Rennes en date du 23 mars par courrier.
Nous notons en outre que la politique du Ministère de l’Education Nationale ne semble pas être uniforme puisque que des écoles sur Paris, selon certains médias, ont bénéficié de la livraison de masques dès le jour de l’annonce de la fermeture des écoles.
Nous notons aussi que des entreprises bretonnes, comme l’entreprise lorientaise « 727 Sail bags » , semblent sensibles à la situation des établissements en charge de l’accueil des enfants de personnel soignant. Cette dernière a ainsi annoncé ce week-end se mettre à fabriquer des masques en voile usagée à l’attention des enseignants.
Nous sollicitons donc votre intervention, Monsieur Le Président du Conseil Régional de Bretagne, Madame et Messieurs les Présidents des Conseils Départementaux de Bretagne afin qu’une petite partie de cette commande soit destinée aux personnels enseignant et non enseignant en charge de l’accueil des enfants de personnel soignant dans les écoles et collèges et ainsi de suppléer aux carences de l’Etat.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Président du Conseil Régional de Bretagne, Madame, Messieurs les Présidents des Conseils départementaux, en nos sentiments bretons les plus dévoués.
Pour le bureau de l’association,
Le président, Goulven MORVAN