Avant le premier Conseil Académique des Langues Régionales (CALR) de 2020 de l’Académie de Rennes qui se déroulera le 16 janvier 2020, nous avons adressé au Rectorat une lettre sur trois sujets : la demande de mise en place de recommandations pédagogiques sur l’enseignement de la langue avec la constitution d’un groupe de travail ad hoc, la demande d’une véritable formation continue pour les enseignants bilingues publics du 1er degré et enfin un questionnement sur l’avenir de TES suite à la restructuration annoncée du réseau CANOPE en décembre 2019.
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Monsieur Le recteur de l’Académie de Rennes , Emmanuel ETHIS
Locmiquélic, le 9 janvier 2020
Copies à : Madame Lena LOUARN, vice présidente à la région en charge de la langue bretonne
Mesdames / Messieurs les directeurs des services départementaux de L’Education Nationale
Monsieur Rémi TOULHOAT, président de DIV YEZH
Madame Stéphanie STOLL, présidente de DIWAN
OBJET : Recommandations pédagogiques pour l’enseignement de la langue bretonne dans les filières bilingues / formation continue des enseignants bilingues publics du 1er degré / Avenir de Canopé -TES
Monsieur le Recteur de l’Académie de Rennes,
La circulaire n° 2001-166 du 5 septembre 2001, texte de référence qui a constitué un jalon important pour la place faite par l’École aux langues et cultures régionales, et la circulaire associée n°2001-167 du 5 septembre 2001 sur l’enseignement bilingue à parité horaire modifiée par la circulaire n° 2003-090 du 5 juin 2003, constituaient jusqu’à la parution de la dernière circulaire n° 2017-072 du 12 avril 2017 le texte source pour guider les enseignants bilingues français-breton dans la mise en place de leurs apprentissages.
Si la circulaire d’avril 2017 fixe bien des objectifs à atteindre par les élèves en cycle 2, 3 et 4 et en fin de lycée par rapport au Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL), elle ne comporte aucune référence sur les objectifs linguistiques de l’enseignement bilingue, que ce soit à l’issue de la maternelle dont la scolarité est rendue obligatoire depuis la rentrée 2019, en fin de cycle 2, en fin de scolarité primaire ou en cycle 4. Les compétences de communication attendues, la maîtrise de l’écrit en langue bretonne, les compétences métalinguistiques ne sont pas mentionnées. De même, le volet recommandations pédagogiques, contenu dans l’ancienne circulaire, qui permettait un premier guidage des enseignants dans leur organisation pédagogique, a également disparu.
Une note de cadrage nommée “enseigner en classe bilingue-quelques repères” de 4 pages a certes bien été diffusée avec la mention “document rédigé en 2009 et mis à jour à la rentrée de 2017” par le corps d’inspection Langues et cultures régionales.
Mais ce document ne répond pas à la question de savoir comment enseigner la langue bretonne et notamment en termes d’objectifs linguistiques en fin de maternelle, en fin de cycle 2, de cycle 3, en fin de collège ou de lycée, comme cela est disponible pour certaines langues étrangères sur le site EDUSCOL de l’Education Nationale. Il apporte en outre très peu d’éléments concrets en termes de recommandations pédagogiques.
Le document renvoie certes aux programmes de langues régionales de 2007 mais la nouvelle circulaire stipule que les programmes de la scolarité à l’école élémentaire et au collège s’appuient désormais sur les programmes de 2016 et sont communs à l’ensemble des langues vivantes étrangères ou régionales. Cette indication laisse entendre que les programmes des des langues régionales de 2007 (BO N° 9 du 27 septembre 2007) et leur annexe 3 pour la langue bretonne pour la langue bretonne, par ailleurs incomplets pour la filière bilingue, n’ont donc plus cours.
Nous notons également que les 18 heures de formation continue, prévues sur l’année scolaire 2019/2020 dans le premier degré dans les écoles publiques, ne répondent que très imparfaitement aux besoins de formation des enseignants bilingues, et observons une disparité difficilement compréhensible entre les 4 départements de l’Académie sur le nombre d’heures consacrées aux spécificités de l’enseignement bilingue: De 9 h en incluant les mathématiques, ce qui semble logique dans la mesure où la majorité de ce temps d’enseignement se fait en langue bretonne à 0 heure !
Nous demandons donc que dans le cadre de la circulaire n° 2019 – 133 du 23/09/2019 “Schéma directeur de la formation continue des personnels de l’Education Nationale”, la formation continue pour les enseignants bilingues publics du 1er degré soit pilotée à un niveau académique et que l’intégralité des heures de formation continue soient dédiées aux spécificités de l’enseignement bilingue, aux mathématiques en langue bretonne, à l’articulation entre les langues : français, breton et LVE. Notre demande se situe clairement dans le cadre de cette circulaire sur la formation continue dont les termes précisent qu’elle “doit répondre de manière concrète aux besoins réels des personnels dans l‘exercice de leur métier ainsi qu’à leurs demandes” et “traduit notamment les spécificités territoriales”.
Nous réclamons par ailleurs la constitution d’un groupe de travail associant enseignants bilingues, conseillers pédagogiques en langue bretonne, maîtres formateurs bilingues, enseignants chercheurs en langue bretonne, inspecteurs de langue bretonne pour la mise en place de recommandations pédagogiques répondant aux besoins spécifiques de l’enseignement bilingue français-breton, articulé d’un bout à l’autre du cursus scolaire et établissant avec clarté des objectifs d’apprentissage communs, spécifiques et progressifs et donc associé à un dispositif de formation continue adapté à l’enseignement bilingue.
Enfin, les récentes informations qui ont été diffusées dernièrement sur la réorganisation du réseau Canopé, nous inquiètent au plus haut point et semblent remettre en question l’avenir de Ti Embann ar Skolioù (TES) à Saint-Brieuc, pourtant financé par la région, et notamment la pérennité des activités d’édition et de publication d’ouvrages et de fichiers pédagogiques papier pour les filières bilingues. Nous vous invitons donc à apporter rapidement des éclaircissements sur l’avenir de cette structure affiliée au Réseau Canopé.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Recteur, en nos sentiments les plus dévoués.
A galon ganeoc’h,
Le président,
M. Goulven MORVAN