Kuzul-akademiezh ar yezhoù-rannvro (KAYR) 30/06/2020 Akademiezh Roazhon

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Déclaration au conseil académique des langues régionales, Académie de Rennes

Le 30 juin 2020

Monsieur le Recteur de l’Académie de Rennes,

Madame la vice-présidente du conseil Régional de Bretagne,

Mesdames, messieurs les directeurs académiques,

Mesdames, messieurs,

A l’occasion de ce second  Conseil Académique des Langues Régionales de l’année scolaire, l’association Kelennomp! souhaite faire part de ses grandes inquiétudes vis-à-vis de ce que nous considérons comme un recul pour l’enseignement de la langue bretonne !

Le Président de la République déclarait lors de sa visite à Quimper le 21 juin 2018 : « Les langues régionales jouent leur rôle dans l’enracinement qui fait la force des régions. Nous allons pérenniser leur développement ».

Depuis cette date, nous avons l’impression fort désagréable que c’est exactement l’inverse que s’évertue à mettre en œuvre le Ministère de l’Éducation Nationale.

A l’heure où la convention Etat-Région dite “convention pour la transmission des langues de Bretagne”pour la période 2015-2020 arrive à terme, nous ne pouvons que pointer la non atteinte des objectifs en termes de développement de la langue bretonne dans le domaine de l’Education et notamment celui de 20 000 élèves bilingues qui ne sera pas atteint (Le même objectif avait déjà été affiché dans la précédente convention quinquennale…)

Ainsi, pour le premier degré, la carte des pôles publics 2020/2021 arrêté en novembre 2019 (ajout : voir ici la carte des pôles privé) avait programmé l’ouverture de 7 sites bilingues publics pour le Finistère pour la rentrée de septembre 2020. Nous constatons que seuls 3 d’entre eux sont actés dans la carte scolaire du 15 avril 2020.

En matière d’initiation à la langue bretonne, toujours dans le premier degré, il était écrit dans cette convention que : « Dans le premier degré, une attention particulière sera portée à la possibilité d’offrir une sensibilisation à la langue et à la culture bretonne dans l’enseignement, afin que les élèves puissent se familiariser avec le patrimoine régional y compris en adaptant les outils pédagogiques nécessaires. La mise en place progressive d’une initiation à la langue en cycle 3, dans le cadre de l’horaire normal des cours, comme cela est le cas en Finistère pour certaines écoles publiques, sera encouragée ».

Dans le département du Finistère, seul département où il existe un dispositif de cette nature, une interprétation restrictive à notre sens de la circulaire 2017 -072 sur l’enseignement des langues régionales met de facto (et de façon volontaire ?) en concurrence l’enseignement de la langue bretonne et l’enseignement de l’anglais aux cycles 2 et 3. Comme s’il fallait choisir entre l’anglais et le breton et qu’enseigner les deux n’était pas possible ! Les directives de la DSDEN du Finistère de mai 2020  risquent de rendre encore plus difficile une initiation à langue bretonne en élémentaire où seuls 8 % des élèves ont suivi une initiation à la langue contre 27 % en maternelle.

Dans les autres départements, notamment en maternelle, la mise en œuvre de la diversité linguistique semble passer par le seul “tout anglais” en cohérence avec le plan Langues du Ministère de L’Education Nationale.  Si les programmes de la maternelle de 2015 mentionnent dans la rubrique “éveil à la diversité linguistique” les langues régionales dans le passage suivant : « À partir de la moyenne section, ils vont découvrir l’existence de langues, parfois très différentes de celles qu’ils connaissent. (…) Dans des situations ludiques (jeux, comptines…) (…), ils prennent conscience que la communication peut passer par d’autres langues que le français : par exemple les langues régionales, les langues étrangères et la langue des signes française (LSF) », on notera que la note de service du 28/05/2019 du Ministère de l’Éducation nationale sur les recommandations pédagogiques sur l’enseignement des langues vivantes à la maternelle  fait l’impasse sur les langues régionales et la langue des signes pour ne mentionner que les langues étrangères ! Oubli malencontreux ?

Dans le second degré, tout semble fait pour rendre impossible le choix de la langue bretonne avec le maintien de deux langues vivantes. Les effets néfastes de la réforme du lycée se remarquent aussi dans le choix des spécialités en langues régionales (LLCER). Seuls 87 lycéens sur toute la France avaient choisi cette option en langue régionale ! Les spécialités de latin et de grec ont accueilli beaucoup plus d’élèves car il est possible de les cumuler avec une spécialité anglais, ce qui n’est pas possible pour le breton.

La filière bilingue au lycée est mise en difficulté par la réforme. L’option breton est dévalorisée par un poids ridicule dans la note finale du baccalauréat (1 %) et la possibilité de choisir le breton en LVB pour beaucoup de lycéens tient du parcours du combattant comme l’atteste les exemples récents du lycée de L’Elorn de Landerneau ou du lycée Auguste-Pavie de Guingamp. Le motif souvent invoqué pour le refus est que certains lycées ne seraient habilités à enseigner que le breton en LVC. Enfin, certains lycées parlent de retirer l’autorisation de choisir une LVC (espagnol, allemand…) pour les lycéens qui voudraient prendre le breton en LVB. De quoi affaiblir la possibilité de choisir le breton pour les élèves.

Nous avons adressé dernièrement une série de propositions aux deux pilotes du comité de suivi de la réforme du baccalauréat et du lycée général et technologique en proposant d’autoriser les lycéens à passer le breton en LVB dans tous les lycées qui proposent la discipline, quitte à transformer le statut de LVC en LVB pour certains d’entre eux, d’autoriser les lycéens à passer le breton en candidat libre quand l’offre fait défaut au lycée, de permettre à tous les élèves qui choisissent une LVB breton d’avoir la possibilité de choisir une LVC, de rendre compatible la spécialité breton avec d’autres langues (anglais, espagnol, allemand…) comme pour la spécialité Littérature et Langues et Cultures de l’Antiquité, d’autoriser les lycéens à rédiger en breton pour les spécialités d’histoire-géographie et de mathématiques. Nous craignons que nous ne devions encore attendre longtemps une simple réponse !

Enfin, nous renouvelons avec insistance la demande de constitution d’un groupe de travail académique associant enseignants bilingues, conseillers pédagogiques en langue bretonne, maîtres formateurs bilingues, enseignants chercheurs en langue bretonne, inspecteurs de langue bretonne pour la mise en place de recommandations pédagogiques répondant aux besoins spécifiques de l’enseignement bilingue français-breton, articulé d’un bout à l’autre du cursus scolaire et établissant avec clarté des objectifs d’apprentissage communs, spécifiques et progressifs.  Nous notons que le Ministère publie des recommandations pédagogiques sur l’enseignement des langues vivantes en maternelle comme précédemment évoqué sans mentionner les langues régionales.

Nous vous avons d’ailleurs adressé le 9 janvier 2020, Monsieur le Recteur, un courrier sur ce point et à ce jour n’avons eu aucun retour de votre part.

Nous re-demandons également que dans le cadre de la circulaire n° 2019 – 133 du 23/09/2019 “Schéma directeur de la formation continue des personnels de l’Education Nationale”, la formation continue pour les enseignants bilingues publics du 1er degré soit pilotée à un niveau académique et que l’intégralité des heures de formation continue soient dédiées aux spécificités de l’enseignement bilingue, aux mathématiques en langue bretonne, à l’approfondissement de la connaissance de la langue, à l’articulation entre les langues : français, breton et anglais.

Notre demande se situe clairement dans le cadre de cette circulaire sur la formation continue dont les termes précisent qu’elle “doit répondre de manière concrète aux besoins réels des personnels dans l‘exercice de leur métier ainsi qu’à leurs demandes” et “traduit notamment les spécificités territoriales”.

Nous vous remercions de votre attention.

Le bureau de l’association KELENNOMP !